Celui qui fut proclamé « le plus illustre des illustrateurs »,
Gustave Doré (1832-1883), est aujourd’hui encore célébré
pour ses gravures. Ses talents de dessinateur l’ont amené
à contribuer maintes fois aux journaux historiques du XIXe
siècle, mais ce sont surtout ses illustrations des Contes
de Perrault, des Fables de La Fontaine, des aventures de
Don Quichotte, ainsi que de L’Enfer de Dante et de la
Bible qui l’ont inscrit dans la mémoire de chacun.
Pourtant, l’étendue de son génie reste largement
méconnue, Doré se révèle un artiste aussi prolifique
que virtuose dans plusieurs disciplines. À ses gravures
répondent ses peintures et ses sculptures : il alterne
tableaux d’histoire, de genre ou paysages, maîtrisant
aussi bien les ensembles monumentaux que les scènes
plus modestes, intimes ou cocasses ; ses huiles sur
toile aux teintes flamboyantes, tout comme ses aquarelles
ou ses lavis le consacrent maître insoupçonné de la
couleur et de la matière. Son œuvre traverse ainsi les
techniques et les sujets mais également les époques et,
d’Europe aux États-Unis, en passant par la Russie, traite
d’inépuisables sujets, révélant une insatiable curiosité.
Cette incroyable richesse résulte en un héritage toujours
vivace dans la culture populaire, trouvant des échos tant
dans le cinéma que dans la bande-dessinée d’aujourd’hui.
Aussi Philippe Druillet peut-il le saluer comme « un metteur
en scène, un concepteur, un visuel, un visionnaire ».