Après la chute de sa patrie, le prince troyen Enée entame un long et périlleux voyage qui doit le conduire en Italie où son destin est de fonder Rome. La déesse Junon s’y oppose et tente de le faire périr dans une tempête. Il s’échoue sur les côtes africaines où Didon, la reine de Carthage, s’éprend de lui et le supplie de rester auprès d’elle. Enée ne peut s’y résoudre et quand Didon à l’aurore aperçoit la flotte qui s’éloigne des côtes, elle se plonge dans le sein l’épée de son amant qui, parvenu à l’embouchure du Tibre après plusieurs années d’errance, luttera pour accomplir sa vie et finalement régner sur le Latium. Ecrite vers la fin du ier siècle avant Jésus-Christ, l’épopée latine de l’Enéide s’établit à la même hauteur où les Grecs avaient pu placer l’Iliade et l’Odyssée que Virgile d’ailleurs imite. Mais si, dans ces douze chants qui accueillent le merveilleux comme le tragique, les Romains pouvaient voir un grand récit de fondation, notre culture occidentale, de Didon et Enée de Purcell au «Cygne» où Baudelaire évoque Andromaque, n’a cessé de nous rappeler que l’étoffe humaine de ses héros et l’exception de leurs aventures appartiennent toujours à notre mémoire.