New-York, 1975 : Shaltiel Feigenberg, juif américain et modeste conteur, est enlevé en plein jour à Brooklyn. Le Groupe palestinien d’action révolutionnaire revendique la prise d’otage. L’événement fait la Une des médias internationaux: c’est la première fois qu’une action terroriste de ce type se produit sur le sol américain. Reclus dans une cave, les yeux bandés, livré à lui-même, Shaltiel songe qu’il y a eu méprise sur sa personne. Entre deux face à face avec ses ravisseurs, il tente d’échapper à la violence absurde du présent : ayant perdu la notion du temps, il se réfugie dans le passé. Dans le chaos puissant des souvenirs surgit ainsi l’histoire de Shaltiel et des siens : la déportation, en 1942, des habitants du ghetto de Dawarowski, sa ville natale en Transylvanie ; sa propre survie, enfant, dans la cave d’un comte allemand, officier des renseignements nazis ; la libération de la ville par les soldats de l’Armée rouge ; le récit du père et de l’oncle de Shaltiel, rescapés d’Auschwitz ; la fuite clandestine, en URSS, dès 1941, du frère aîné, membre d’une cellule du Parti communiste juif ; l’émigration aux Etats-Unis… Aux souvenirs personnels de Shaltiel, aux réminiscences de contes mystiques qui les ponctuent, font échos les confrontations avec ses ravisseurs : un Arabe qui combat pour la cause de son peuple et manifeste à tout bout de champ sa haine des juifs ; un Italien, idéologue révolutionnaire pour qui la Palestine n’est que la cause très immédiate d’une lutte qui la dépasse. Avec l’Italien, Shaltiel dispute et, in fine, dialogue : sur l’existence de l’Etat d’Israël, sur l’oppression, sur la terreur, sur les victimes et les bourreaux, sur le sens de l’histoire, mais aussi sur le messianisme et la foi. En souvenir du père de Shaltiel, rescapé d’Auschwitz, l’Italien, descendant d’un membre des chemises brunes ayant intégré la SS, libère Shaltiel au péril de sa vie…